27 mars 2017

"Vous n'aurez pas ma haine" d'Antoine Leiris

"Vous n'aurez pas ma haine" d'Antoine Leiris

Note attribuée : ★★★☆☆



- Synopsis -


Journaliste, A. Leiris a perdu son épouse durant les attentats du Bataclan le 13 novembre 2015. Peu après, il avait diffusé un message adressé aux terroristes leur signifiant qu'ils n'auraient pas sa haine. Il livre un témoignage sur son quotidien auprès de son fils de 17 mois et sur la nécessité de continuer à vivre en dépit du sentiment d'horreur et du deuil.



- Mon avis -


Une alerte smartphone, un flash info à la radio, une coupure momentanée des programmes à la télé… Les médias n’ont pas tardé à nous apprendre l’horreur qui s'abattait soudain sur une partie d’entre nous. Une connaissance, un collègue, un ami, une sœur, un fils, une mère, un mari… tous des êtres innocents, faits de chair et de sang… Nos proches, nos concitoyens, notre peuple, nous.

Que ce soit de près ou de loin, nous avons tous été touchés par la déferlante de haine des attentats du 13 novembre 2015. Comme nombre de mes concitoyens, je ne peux qu’imaginer le déchirement de savoir un être aimé pris au piège de cette nuit sans fin. L’angoisse de cette attente interminable. L’impuissance somme toute irrémédiable face à ce carnage orchestré. La déchirure d’une nouvelle que l’on ne pourra jamais effacer. Tant d’injustice et tant de haine pour tant de malheur. Le 13 novembre 2015… cette date aura bien du mal à s’effacer de nos mémoires.

❝ Bien sûr, avoir un coupable sous la main, quelqu’un sur qui l’on peut reporter sa colère, c’est une porte entrouverte, une occasion d’esquiver sa souffrance. Et plus le crime est odieux, plus le coupable est idéal, plus la haine est légitime. On pense à lui pour ne plus penser à soi, on le déteste lui pour ne pas haïr sa vie, on se réjouit de sa mort pour ne plus sourire à ceux qui restent. ❞

Antoine Leiris fit malheureusement partie des “victimes collatérales”. Quel drôle de terme pour parler de quelqu’un qui a tant perdu. Mais il faut bien nommer l'innommable pour en parler. Toutefois, le fond du problème reste entier : rien n’aurait jamais pu préparer Antoine au choc porté par cette dure nuit d’automne, et pourtant… Cette nuit marquera le restant de ses jours au fer rouge car là-bas, au Bataclan, se trouvait Hélène : sa femme, sa moitié, la mère de son enfant. Dans son livre témoignage, Antoine nous révèle l’enfer qu’il a vécu ce soir là, puis les suivants. Car oui, aussi dur que cela puisse être, la vie continue malgré tout. Il faudra donc apprendre à vivre avec, ou plutôt à vivre sans. Une chose est sûre, il faut maintenant prendre soin de ceux qui restent.

❝ La mort attendait sa mère ce soir-là, eux n’étaient que les ambassadeurs. ❞

Suite aux attentats qui ont coûté la vie à sa bien aimée, Antoine à commencé à écrire. Pour qui ? Pour quoi ? Pour lui, pour son fils, pour ceux qui restent, pour les tristes témoins de la folie humaine qui a pris vie en cette sombre nuit, pour ceux qui sont partis, pour elle. Il fallait que les mots sortent pour commencer à panser les plaies de l’âme, et c’est mû par cette impulsion profonde qu’il commença à pianoter. Une ligne, puis deux, puis trois… un message prend vie. Un clic et il ne lui appartient déjà plus. La puissance de ses paroles résonne désormais sur Facebook. Ce message, j’avais eu la chance de le lire à ce moment là. Quelle grandeur d’âme fallait-il avoir pour trouver la force et le courage de former ces phrases à ce moment précis. Celui où tout a basculé, celui où l’on a perdu l’irremplaçable. Je ne sais pas ce qu’il en a été pour vous, mais personnellement, j’avais ressenti une profonde admiration pour cet homme qui arrivait à transmettre de l’espoir alors qu’il se trouvait à l’endroit précis où le cyclone faisait rage. Je n’oublierai jamais la grande leçon de vie qu’avait réussi à me donner cet inconnu durant ces tristes heures. Et tout naturellement, j’ai pleuré pour lui et les siens la perte de cette femme qui leur manquerait tant.

❝ […] ce livre est presque terminé. Il ne me soignera pas. On ne se soigne pas de la mort. On se contente de l’apprivoiser. ❞

Lors de la sortie de l’essai “Vous n’aurez pas ma haine”, je ne me sentais pas encore prête à me replonger dans ces évènements. Je savais que la plume de Leiris allait me bouleverser, alors j’ai rangé ce titre dans un coin de ma tête, et je l’en ai ressorti à un moment plus propice. Dès les premières lignes, tout est revenu. Ce fut comme si je revivais la tragédie en totale conscience : la mienne, additionnée à celle d’Antoine, mais aussi à celle de tous les témoins dont j’avais pu entendre le récit, et finalement aussi, avec celle des victimes dont les portraits nous ont accompagné pendant si longtemps. L’expérience était étrange, mais nécessaire à la fois. Car nous avons le devoir de ne jamais oublier. Maintenant, je vous invite à découvrir à votre tour ce récit poignant. Je suis sûre que vous saurez en tirer de grandes leçons, et que ces dernières vous marqueront profondément. En ce qui me concerne, c’est chose faite. Je tiens à remercier Mr Leiris pour le courage dont il a fait preuve en faisant publier son récit. Je ne l’oublierai jamais. Mes pensées les plus chaleureuses continuent à aller vers vous et les vôtres.


- Informations complémentaires -


Genre : Témoignage
Nombre de pages : 216
Date de parution : 30/03/2016
ISBN : 978-2213701295



Une lecture bouleversante qui ré-humanise ces terribles évènements que beaucoup d’entre nous ont vécu essentiellement au travers des médias. À nous de tout faire pour ne jamais les oublier. Ni les victimes, ni les survivants, ni leur entourage… car rien ne permettra jamais à leurs âmes de cicatriser. Un témoignage essentiel, lisez-le, tout simplement.






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