30 janv. 2017

"Le cri du petit chaperon rouge" de Beate Teresa Hanika

"Le cri du petit chaperon rouge" de Beate Teresa Hanika

Note attribuée : ★★★☆☆



- Synopsis -


Au centre de ce récit tendu à se rompre, Malvina, treize ans. Les vacances de Pâques commencent. La grand-mère de Malvina est morte, et quelqu’un doit s’occuper du grand-père qui vit désormais seul dans son appartement ; sa mère souffre de migraines chroniques et s’est complètement retirée de la vie de famille ; ses frères et sœurs ont déjà quitté la maison et se désintéressent du problème ; quant à son père, il se contente de donner des ordres. Malvina sera donc le « petit chaperon rouge » qui, à vélo, chaque jour, apporte un repas chaud et une bouteille de vin rouge au grand-père. Lors de sa dernière visite, il a demandé à sa « petite-fille préférée » si elle avait déjà un petit ami, et l’a embrassée sur la bouche. Malvina est restée seule avec sa honte, incapable d’en parler. Seule ? Pas tout à fait : il y a Lizzy, son amie de toujours, madame Bitschek, la voisine polonaise, et puis un gars du quartier, surnommé Traque…



- Mon avis -


En décembre, je me suis offert ma première box littéraire. Le thème proposé par Once Upon a Book m’avait tout de suite enchanté, celui de la mythologie, du « Il était une fois ». Bien entendu, j’étais toute excitée lorsque j’ai reçu mon colis à l’intérieur duquel je m’étais octroyé le luxe de rajouter un livre : celui du challenge du mois de janvier. J’ai rapidement ouvert le carton pour y découvrir (entre autres) un paquet soigneusement emballé, à l’intérieur duquel se cachait un livre étonnant. Pour commencer, mon œil a été capté par la bichromie toute en simplicité de la couverture. Puis, j’ai attrapé au vol deux mots : chaperon rouge. Intéressant ! C’est deux indices ont cependant vite trouvé leurs pendants : la violence sciemment choisi du rouge, le thème du livre centré sur le cri dudit personnage, avec en supplément une phrase boulet de canon, qui s’est abattue sur moi comme une sentence « Ca va passer, me dit papa comme si j’étais malade ». La lecture ne sera donc pas légère comme je me l’étais tout naturellement imaginé. Quelle surprise ! Ce livre est tellement éloigné de ceux que j’ai pour habitude de lire ! Je me suis cependant alors dit que ce n’était pas plus mal car cela me forcerai à sortir de ma bulle de confort littéraire. Et que par la même occasion, ce dernier me permettrait de découvrir une plume aux allures plus dérangeantes que celles auxquelles je suis habituée. Une plume dont le poids des mots soulevés aura de lourdes retombées… bien entendu, le résumé au goût amer de la quatrième de couverture n’a fait que confirmer mon intuition.

C’est lourd tout ça. Fort heureusement, Beate Teresa Hanika a trouvé le moyen de ne pas (trop) brusquer le lecteur dans sa difficile découverte du monde de Malvina. Cette petite fille que personne n’a protégé de l’impensable. Car pour elle, très vite, les goûtés chez papy et mamie ont viré au cauchemar. Lentement et insidieusement, l’amour de son grand-père s’est transformé en quelque chose de moins louable, de plus pervers, quelque chose qu’aucune petite fille ne devrait jamais avoir à subir. Vous me demanderez, mais où donc se trouvaient les adultes qui auraient dû la protéger de ces actes impardonnables ? Sa grand-mère n’avait-elle rien remarqué ? Et ses parents ? N’ont-ils réellement jamais rien décelé dans le comportement détraqué de cet aïeul ? Je ne peux décemment pas répondre à ces questions sans trop vous en révéler sur l’histoire. Sachez seulement que les apparences sont souvent trompeuses, et que nous sommes loin de soupçonner les secrets que peuvent cacher les gens qui nous entourent… fussent-ils au détriment des plus faibles et plus innocents êtres au monde.

❝ Peut-être que beaucoup d’autres auraient agi comme moi, beaucoup auraient aussi peut-être pensé : « Ça, je supporte encore, encore un jour, et encore un, demain je parlerai, ou après-demain, ou peut-être un autre jour ». On ne se rend pas compte que le secret grandit avec soi chaque jour, et que chaque heure qui passe le rend plus gros et plus indicible encore. ❞

Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas réellement apprécié cette lecture. Le thème, bien que délicatement traité, était trop lourd à mon goût. Dérangeant de part sa nature, il a eu le chic pour me mettre mal à l’aise du début à la fin. Je me suis sentie à la fois comme un témoin impuissant face à l’horreur qui sévissait dans ce récit, et comme un être pervers qui continuait à tourner les pages les unes après les autres pour ne pas perdre une miette de l’histoire. C’est très perturbant, et ce n’est pas la sensation la plus agréable du monde de la lecture, loin de là (tout du moins à mon sens) ! Ce qui est intéressant, néanmoins, c’est de voir la façon avec laquelle l’auteur a traité le sujet. Les chapitres s’égrènent au rythme des jours de la semaine des vacances de pâques. Nous écoutons la petite voix qui anime les pensées de Malvina. Fort heureusement, d’autres préoccupations plus en adéquation avec son âge animent l’esprit de la jeune fille. Nous nous rendons ainsi compte que les mécanismes de protection mis en place par le cerveau ont savamment été mis en scène par Hanika. Très vite, nous nous attachons donc à cette jeune fille, et aussi à ses amis Lizzi et Traque. Pour toutes ces raisons, ce livre est très bon, mais c’est une lecture qui ne m’a pas convenue, d’autant plus que je n’ai pas compris le choix qu’a fait l’auteure pour clôturer son livre. Bien qu’inattendue, la fin m’a parue étonnement simple pour conclure une telle histoire !

❝ Sourire plutôt que rugir : tel est l’apanage du plus fort […] ❞

J’ai le cœur lourd et serré de me dire que d’autres enfants ont subi / ou subissent les mêmes sévisses que la pauvre petite Malvina. Quels dégâts ces actes laisseront-ils sur leurs âmes fragiles ? Quelles séquelles porteront ces personnes pour le restant de leurs vies ? Le livre soulève ce questionnement sans y apporter de réelle réponse. Il faut dire qu’il n’y en a aucune qui serait à la hauteur. Personne ne se remet jamais vraiment d’une telle souillure, et le sentiment de honte qui l’accompagne a bien souvent du mal à quitter ses victimes. À sa façon, Hanika lance un message d’espoir. Elle a le mérite de sensibiliser son lectorat à un grave sujet de société que nous préférerions tous oublier, mais qui a cependant le malheur d’exister… à nous de ne pas l’oublier… à nous de garder l’œil grand ouvert.



- Informations complémentaires -


Genre : Drame
Nombre de pages : 250
Date de parution : 2011
ISBN : 978-2-87426142-8





Je ne regrette pas du tout ma lecture du roman « Le cri du petit chaperon rouge ». Son thème est lourd mais délicatement traité. Comme l’a très joliment dit Frankfurter Allgemeine Zeitung à son propos : « avec sa cruauté sans fioritures, ce roman […] relève effectivement beaucoup du conte. Il en déploie la force poétique, laquelle parvient à faire évoluer le destin de l’héroïne vers le mieux – même s’il reste un long chemin vers le bien ». Merci à l’équipe de Once Upon a book pour cette découverte !






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