22 juin 2016

"Le goût du bonheur" Tome 3 "Florent" de Marie Laberge

"Le goût du bonheur" Tome 3 "Florent" de Marie Laberge

Note attribuée : ★★☆☆☆

Attention, cette chronique contient forcément des spoilers sur les tomes précédents



- Synopsis -


Les turbulences de la vie et de la guerre ont brisé Adélaïde. Seule la très ancienne affection de Florent éclaire encore ses journées. Et ce dernier, devenu un couturier célèbre dans le monde entier, n'a pas été épargné lui non plus : il entretient désormais une liaison agitée avec un acteur. Il va devoir une fois encore soutenir sa vieille amie car Adélaïde finit par tout apprendre sur son défunt mari... mais est-il encore temps de souffrir ? Les destins se heurtent et se conjuguent à la recherche d'une sérénité incertaine et toujours dérobée. Même si le sort en est jeté, les personnages ballottés par la vie conservent, envers et contre tout, le goût du bonheur...



- Mon avis -


Après avoir été littéralement emportée par le flot d’émotions suscité par les tomes précédents (Gabrielle & Adélaïde), mes espoirs concernant le dernier volet de la trilogie se sont lamentablement écrasés lors de sa lecture. Plusieurs d’entre vous m’aviez prévenu, cependant je n’arrivais pas à croire que le crescendo émotionnel créé par Marie Laberge pourrait aussi vite s’essouffler et retomber tel un gros soufflé. Tant d’évènements et d’épreuves avaient su rythmer les tomes précédents qu’il m’a été difficile d’apprécier ce dernier opus marqué par de nombreuses longueurs et aucun réel avancement accrocheur. J’ai un petit peu eu l’impression que Marie Laberge s’appuyait sur notre attachement aux personnages pour poursuivre l’histoire, mais qu’elle n’avait plus grand-chose à leur faire vivre … d’ailleurs de nombreuses évolutions m’ont semblé invraisemblables ou tirées par les cheveux. C’est vraiment dommage car j’ai personnellement eu l’impression de lire une suite qui avait était écrite pour faire une suite, mais qui n’apportait malheureusement pas grand chose au reste de l’histoire. Dans "Florent", j’ai senti l’histoire piétiner et se perdre parfois, laissez moi vous expliquer pourquoi.

Pour ceux qui s’en souviennent, le second tome "Adélaïde" prenait fin sur un évènement déchirant : la mort de Nic et de sa fille. Ce passage m’avait profondément bouleversée car je m’étais énormément attachée à sa femme à qui l’on arrache de manière horrible l’amour de sa vie et leur enfant. Qui plus est, tout le récit avait été savamment construit jusqu’à arriver à cette situation de non retour que je qualifierai de point d’orgue de la saga. Du coup, le troisième et dernier tome partait avec une sacrée pression sur la tranche si je puis dire ! Un défi trop gros pour lui j’en ai peur. Les personnages, bien évidemment dévastés, vont entamer une longue et dure période de reconstruction durant laquelle certains vont commencer à changer. Écrasés par le poids de la tristesse, pleins d’inquiétudes et d’amertume, ils vont parfois développer des comportements bien éloignés de ce que nous leur avons connu. Adélaïde va se perdre dans sa reconstruction personnelle, Florent peine quant à lui à se construire sur le plan personnel, Leah veut suivre une voie qui ne peut rien lui apporter de bon, Alex paie ses écarts de conduite, Léa se révèle finalement sous un angle étrange tandis que Reine s’enferme dans sa folie et que Pierre développe un comportement inquiétant (pour ne citer qu’eux). Énormément de chemins pris par les personnages les mènent vers l’opposé du bonheur, et on se retrouve pris dans une spirale négative où percent de très rares rayons de soleil. Nous suivons finalement trop de personnages qui se sont naturellement cumulés depuis le premier tome.

Par moments, j’ai eu tendance à me perdre entre les prénoms, j’ai perdu le fil trop souvent, et je me suis ennuyée beaucoup trop. J’ai peine à croire que je n’arrive à retenir que des points négatifs pour ce dernier volume, et pourtant c’est bien le cas ! J’aurai réellement préféré que l’auteur fasse de sa série "Le goût du bonheur" une duologie dans laquelle le second tome aurait fini une centaine de pages plus tard pour montrer le début de reconstruction des personnages (voire même en développant un épilogue quelques années plus tard). Rien de notable ne se passe dans ce troisième livre. Je ne peux malheureusement pas vous recommander de poursuivre avec ce dernier puisqu’il m’a personnellement laissé sur une mauvaise image, et cette dernière entache un petit peu ma vision de la série. Foncez sur les deux premiers tomes, ils sont formidables, et si vous continuez votre chemin, venez partager votre ressenti avec le reste d’entre nous ! Peut-être apprécierez-vous "Florent", ce que j’espère malgré tout ! En tout cas je lirai avec plaisir d’autres livres de Marie Laberge qui a une plume très agréable et pleine de talent malgré ce petit raté (à mon sens).



- Informations complémentaires -


Genre : Roman historique
Nombre de pages : 1103
Date de parution : 2007
ISBN : 978-2-266-16762-8




Et pour finir, quelques jolies citations :





[…] il faut garder le passé, mais cesser de le creuser. Il faut laisser les morts où ils sont et ne pas leur demander de revenir. Les morts ne peuvent qu’une chose pour les vivants, et c’est leur rappeler de vivre.

[…] il vaut mieux ne pas forcer la nature au risque de la voir se rebeller deux fois plus. On ne saurait faire boire un âne qui n’a pas soif, on peut tout juste le mener à l’abreuvoir.

Je viens prêcher la patience. Ni les femmes ni les hommes ne sont prêts à tout bouleverser. Un principe seul ne rend pas les gens heureux. L’être humain est un homme d’habitudes. Si vous les changez toutes d’un seul coup, plusieurs mourront et les autres vont simplement s’en forger d’autres rapidement. Vous piaffez comme un cheval de course pressé de prendre le champ. Ne méprisez pas les chevaux de trait : avant l’invention du tracteur, ils avaient l’utilité de vous fournir l’avoine.

En art, a priori, rien n’est laid. Ce qui choque, répugne ou dégoûte à première vue, c’est peut-être ce qu’on va trouver beau demain.

La vie n’est pas une promesse après laquelle on doit attendre. La vie est là, à prendre ou à laisser, pleine et vide à la fois.

Ses combats lui ont appris l’humilité. Non pas l’humiliation des perdants, mais l’humilité des vaillants qui n’oublient pas leurs origines et qui, avec courage, essaient de vivre en les dépassant sans pour autant les nier.

Il faut laisser les morts enterrer les morts […], cette phrase est la seule réponse possible des vivants : il faut tourner le dos aux morts et aller son chemin, quelle que soit l’envie qu’on ait de les rejoindre.

[Il] sait que cette fois, il ne peut pas refuser d’entendre ce qu’il a toujours su. [Elle] n’est pas pour lui. À cause de tant de raisons, à cause des hasards de la vie, des malentendus, du timing, à cause de ce qu’il ne sait pas et dont il se fout pour l’instant.

[…] comme c’est long avant que le déchirement ne se calme, comme c’est long avant d’évoquer le bonheur perdu sans que la douleur de la perte ne fasse basculer le souvenir au rang du cauchemar du manque.

[…] ce que je vois de la nature humaine, de leur désir d’effacer et de faire disparaître les vestiges de la honte, m’inquiète pour l’avenir. Si nous ne pouvons pas faire face à nos propres actes, comment construire un avenir qui soit assuré contre la répétition de ces hontes ?

Ceci est une histoire fausse qui pourrait être vraie, comme toutes les histoires, surtout les fausses. Il y a toujours prêt de nous, ou plus loin, de l’autre côté des océans et du monde, des gens qui vivent, des gens à qui il arrive des bonheurs, des malheurs, des débuts et des fins. Il y a des vies parallèles aux nôtres, des vies qu’on ne connaît pas ou qu’on voudrait beaucoup connaître. Ce sont les vies […] qui nous accompagnent sans qu’on le sache.

Les causes une fois reconnues, les événements ne sont pas moins durs, mais ils abîment moins. Savoir ne donne pas de pouvoir sur les bouleversements de l’existence, les crises, mais de la puissance intérieure pour les affronter et les vivre.

La guerre est individuelle / Elle est au cœur de chacun

Ce que tu as fait n’était pas simple, mais cela était nécessaire à tes yeux. Ne te fie qu’à tes yeux, ceux des autres ont leur propre jugement.

Elle sait […] qu’il n’y a pas qu’un homme qui tient les clés du bonheur dans ses mains. Les contes de fées sont trompeurs. Il arrive qu’un amour soit particulièrement inoubliable, mais ce n’est pas ce qui tarit la possibilité de l’amour.

Tu veux savoir ce que je pense des cendres ? Qu’elles restent ensemble et fassent des tas, je ne suis pas encore là. Pas cendres. La vie nous brise […], elle nous abîme, nous malmène. Mais on fait pire : on l’ignore, on la laisse passer et on la déteste d’être aussi exigeante. La vie t’a fait mal, elle n’est pas juste, nous le savons. Mais il n’y a qu’une réponse et c’est vivre, porter ses bleus et ses bosses et vivre quand même.






Quel dommage de terminer cette formidable trilogie sur une si mauvaise note ! J’ai adoré suivre les aventures de tous ces personnages, notamment Adélaïde, et forcément, j’ai été déçue de constater que leur "goût du bonheur" avait été si sévèrement entaché dans le dernier volet. La vie n’est certes pas toujours rose, mais je n’aime pas que mes lectures me laissent un sentiment aussi négatif quand j’en ressors. Avez-vous eu le même ressenti mes p’tits loups ?




Découvrez les autres tomes de la série "Le goût du bonheur"

Marie Laberge - Le goût du bonheur - Tome 1 - Gabrielle Marie Laberge - Le goût du bonheur - Tome 2 - Adélaïde



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