14 mai 2016

"Le goût du bonheur" Tome 2 "Adélaïde" de Marie Laberge

Marie Laberge - Le goût du bonheur - Tome 2 - Adélaïde

Note attribuée : ★★★★☆

Attention, cette chronique contient forcément des spoilers sur le tome précédent



- Synopsis -


La mort accidentelle de Gabrielle, âme de la tribu, bouleverse les Miller. Les étés immuables sur l'île québécoise d'Orléans sont à jamais perdus. La guerre et les réquisitions ont dispersé la plupart des hommes. Et le destin s'acharne sur Adélaïde, désormais épouse du brillant Nicholas McNally sans cesse menacé par la démence de sa propre sœur. Adélaïde, elle, reste droite malgré tous les déchirements qui l'assaillent. Si la jeune femme conserve le goût du bonheur en pleine tragédie, c'est à Florent qu'elle le doit, cet ami de toujours dont la tendresse défie les années. Pour combien de temps encore ?



- Mon avis -


Après la fin tragique du premier tome centré sur le personnage de Gabrielle, nous entrons dans un nouveau pan de l’histoire maintenant articulé autour du personnage ô combien intéressant d’Adélaïde. La mort de Gabrielle a anéanti la famille Miller qui ne trouve plus sa cohésion et éclate petit à petit. Edward n’a plus le goût de vivre et délaisse ses enfants comme s’ils n’avaient eu d’importance à ses yeux que du temps de leur mère. Reclus et intraitable, il ira même jusqu’à renier sa première née, ayant pourtant l’honneur sauf après son mariage avec Nic, qui fut un si bon ami des Miller. Rejetée, Adélaïde va reconstruire sa vie à Montréal auprès de son mari, tout en essayant de maintenir le peu de liens qui unissent encore sa famille.

Le contexte mondial n’a rien pour adoucir les tourments qui les touchent et les éloignent tous les uns les autres. La guerre est maintenant déclarée et les jeunes qui ne s’enrôlent pas sont peu à peu réquisitionnés pour lutter contre la montée du nazisme d’Hitler en Europe. Fabien doit faire face à ses démons tout en servant sa patrie. Rose devra faire preuve de beaucoup de persuasion et de ruse auprès d’Edward pour participer elle aussi à l’effort de guerre. Les destins de Béatrice et de Reine, que tout opposent, se retrouveront liés par bien des aspects. Isabelle quant à elle découvrira à ses dépends le coût de la guerre…

Alors que tous traversent à leur manière la dévastatrice seconde guerre mondiale, Adélaïde va se retrouver propulsée à la tête de l’entreprise de Nic. Son fort tempérament et sa pugnacité lui permettront rapidement de gérer intelligemment et d’une main de fer les affaires qui lui sont confiées. McNally entreprise revêt un aspect important dans la vie de la jeune femme qui s’impose dans un monde d’hommes, où les femmes sont encore peu acceptées. Tout comme sa mère l‘était, Adélaïde va se révéler être un personnage solide et avant-gardiste, qui va se battre pour l’amélioration des conditions de travail des employés et des femmes en général.

Mais au-delà de cet aspect de la vie de notre héroïne, nous allons peu à peu la voir s’épanouir dans sa vie de famille, au bras d’un Nic qui s’avèrera lui être entièrement dévoué. Florent, quant à lui, sera un appui majeur dans la traversée des tourments qui ne vont (bien entendu) pas épargner la jeune femme. De nouvelles rencontres vont venir alimenter la vie de nos protagonistes que j’ai encore pris beaucoup plaisir à voir s’établir, mûrir et évoluer. Peu à peu, des changements s’opèrent dans leur société et il est fort intéressant de voir comment ces derniers vont impacter tous nos personnages.

Toujours aussi saisissante de réalisme, la plume de Marie Laberge est un délice, et je crois pouvoir affirmer avoir encore plus apprécié ce second tome ! Tout au long de ma lecture, je me suis sentie particulièrement proche d’Adélaïde que nous suivons maintenant depuis sa plus tendre enfance. J’ai admiré son caractère, sa droiture, ses choix et ses convictions. J’ai pleuré avec elle dans les moments les pires de son existence, et j’ai partagé ses joies dans les moments les plus beaux. La fin de ce second volet m’a tout simplement bouleversée et je redoute maintenant de me plonger dans la lecture du dernier volume qui sera basé sur le personnage de Florent. Maintenant devenu un homme, nous avons eu la chance de le voir grandir et se dévoiler de plus en plus aux côté d’Adélaïde. Son destin semble se tracer magnifiquement, telle une revanche bien méritée sur la vie que nous n’allons pas tarder à finir de découvrir.



- Informations complémentaires -


Genre : Roman historique
Nombre de pages : 949
Date de parution : Avril 2007
ISBN : 978-2-266-16761-1




Et pour finir, quelques jolies citations :





- Un vêtement n’existe pas tout seul. Il doit bouger et vivre sur quelqu’un pour être beau. Il y a une personne derrière chaque vêtement et un couturier doit se plier à cette personne là, il doit soumettre sa coupe, sa vision à la structure du corps humain. Si on veut que le vêtement soit sublime, il faut compter avec celui qui le porte. C’est moins libre qu’un tableau, mais c’est encore plus beau. […] un vêtement privé du corps humain est vidé de son sens. Il peut mourir. Il s’éteint avec la personne. On peut le passer à d’autres, le retoucher, mais sa force, sa splendeur ne sera plus la même. C’est vivant […], ça dépend des gens, de leur façon de bouger, de vivre, et quand il n’y a plus de gens dedans, le vêtement pend et il n’a plus d’élégance.

- Je viens d’une religion aussi stupide que la vôtre où on renie également les enfants qui n’agissent pas selon les lois et les désirs des parents. […] Dans mon esprit monsieur […], le seul mot qui régit ou devrait régir la religion est celui de bonté, pas de devoir. Vous avez le devoir d’enterrer [votre fils] avant sa mort s’il ne fait pas ce que vous voulez ? Très bien ! Enterrez-le, enterrez-moi avec et enterrez tous ceux qui font le contraire de ce que vous pensez. Mon propre père m’a appris toute sa vie à lutter et à combattre l’intolérance, à essayer d’être juste et de ne pas suivre la mode qui veut qu’un être humain d’une certaine sorte soit tout à coup bien mal vu, bien condamnable. À ne pas me soumettre au jugement hâtif des gens.

- […] Je vais élever notre enfant pour qu’il connaisse la bonté d’une païenne et qu’il ignore l’intolérance des croyants.






La fin du premier tome m’avait particulièrement touchée, cependant le dénouement de ce second opus m’a tout bonnement bouleversée ! Marie Laberge nous transporte encore une fois dans la vie de ses personnages auxquels on s’attache de plus en plus au fil des romans. J’ai à la fois hâte et je redoute de me plonger dans le dernier volume de la trilogie "Le goût du bonheur" que je persiste à vous recommander chaleureusement. Bonne lecture à tous !



Découvrez les autres tomes de la série "Le goût du bonheur"

Marie Laberge - Le goût du bonheur - Tome 1 - Gabrielle Marie Laberge - Le goût du bonheur - Tome 3 - Florent



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